Samedi 30 septembre
Après avoir retiré des espèces et un rapide pissou, ah d’ailleurs autant en parler tout de suite, en Bolivie tout le monde n’a pas de sanitaires, c’est pourquoi vous trouverez toujours un peu partout des « Baños Pùblicos », des douches et toilettes publiques. Autre détail important, les canalisations n’étant pas très larges, vous êtes supposés jeter votre papier toilette – quand il y en a, haha ! – usagé dans la petite poubelle à côté, merci ! Après cette petite parenthèse d’utilité publique, nous voici sortis de l’aéroport international El Alto, et là c’est la première claque. Il fait frais certes, mais face à toi tu as ton premier sommet enneigé au loin, majestueux, magnifique. Bienvenue en Bolivie.
OK, première tâche, rejoindre le cœur de La Paz, la capitale administrative et y trouver le York B&B où nous avions bookée notre première nuit. Petit tips à ce sujet, vu l’altitude il est conseillé de rester 1 ou 2 jours au même endroit pour que le corps s’y habitue, vous évitant normalement tout « mal d’altitude ». De l’aéroport il n’y a pas 36 solutions, nous trouvons un mini-van dans lequel peuvent s’entasser sans mal 10 Boliviens. Ouais sauf que les Boliviens sont beaucoup moins grands que nous haha. Et le mini-van ne part que lorsqu’il est plein, donc tu t’entasses comme tu peux avec ton sac, en même temps t’es tellement content de l’avoir retrouvé que tu pourrais fusionner avec tu t’en fous… On part et… on s’arrête peu de temps après, certains commencent à descendre, est-on arrivé ? Bizarre, c’était vachement rapide ah, d’autres montent, on repart. En fait c’est comme ça ici, il y a des mini-vans à foison, il y a aussi bon nombre de personnes sur le bord de la route qui attendent que vous vous arrêtiez pour les prendre avec vous alors forcément, les mini-vans, c’est pratique. Chacun y va de sa petite pièce suivant la distance parcourue. Nous nous allons au centre de La Paz, « calle Sagarnaga », le mec nous déposera au pied de la place de l’église San Francisco, ce sera 2 Bolivaros chacun et on est gentiment prié de se magner le train, on s’est en fait arrêté en plein trafic.
Le monde. La bonne idée aura été d’avoir téléchargé avant de partir des cartes Google Maps des régions que l’on allait parcourir. J’espère seulement que pour cette « calle Sagarnaga » nous ne devrons pas remonter tout ce que le mini-van vient de descen… râté. Calle Sagarnaga c’est cette petite rue qui longe le côté de l’église San Francisco et bordel, ça monte. Bon bin… go. Nous trouvons le York B&B 2 ou 3 blocs plus haut, le mec qui nous accueille parle pas trop mal anglais, nous avons tout de suite les clés de notre piaule : 2 lits avec drap et grosse couverture et une grande fenêtre avec un rideau bien épais. Eh ouais, parce le double-vitrage, tu oublies, tu oublies même les fenêtres hermétique, et que la nuit, il pèle. Dans la salle d’eau commune de chaque étage, 1 toilette, 1 lavabo et 1 douche avec de l’eau « chaude ». Joie !
Le temps d’ouvrir les sacs et de nous poser quelques minutes, nous revoilà dehors à remonter la Calle Sagarnaga. On a pas fait un bloc que l’on découvre le « Cafe del Mundo » qui deviendra un peu notre repère de bobos occidentaux. Allez hop, 2 smoothies à emporter – mangue, ananas et fraise au top, de rien ! – ainsi que 2 morceaux de gâteau au chocolat – beurp – et nous voici fin prêts pour tout affronter ! Ça tombe bien, puisque juste après nous passerons par le fameux marché des sorcières avec les bébés lamas séchés suspendus aux étals, prêts à être vendus. Nous nous dirigeons ensuite jusqu’au Mirador Killi Killi, pour avoir un point de vue sur la ville. Et il faut le mériter ce mirador. La vue est aussi splendide que les rues qui y mènent sont pentues. Le temps de profiter de la vue, du bon air et du soleil qui nous chauffe les os et nous voilà redescendus. Sur le chemin nous nous arrêterons dans un petit snack au coin des rues Sucre et Calle Colon pour y goûter des genre de gros raviolis de pâte fourrés de viande, légumes et de jus, brûlants mais délicieux, vive la street food !
Nous retournons au York pour booker les activités que nous ferons à La Paz. Quasiment tous les endroits où tu peux dormir – et sûrement plein d’autres encore – proposent des activités. Tiwanaku, Puma Punku, Chacaltaya et la Valle de la Luna réservés, nous repartons à la découverte de la ville. Il est même l’heure de s’arrêter pour déjeuner, nous goûterons le Chicharron, cette spécialité composée de maïs bouilli, de banane cuite, de pomme de terre – et là-bas tu les manges avec la peau – et de viande de porc – dans notre cas – grillée et frite. Autant être clair tout de suite, il faut avoir faim. Je crois qu’on était pas prêts haha. Notre exploration reprend juste après, voilà qu’on roule à travers la ville ! La gravité aidant, nous roulons vers le bas de la ville – les Boliviens font des tags superbes ! – jusqu’à nous retrouver au Parque Urbano Central et là, surprise !, ce week-end là il y a justement un genre de salon de la gastronomie Bolivienne ; des animations, de la musique, de la danse et surtout un paquet de stands de différents points bouffe de la ville. Hyper gentils et accueillants, c’est là que nous goûterons notre première viande de lama, dommage que nous ayons mangé juste avant, vraiment top. Bref de quoi se poser et profiter des animations pendant qu’on se fait aussi à la chaleur. D’ailleurs, point très important : je n’ai jamais autant acheté d’eau que pendant ce voyage, c’est dingue, mais nécessaire, n’hésitez pas. En essayant de trouver une sortie pour repartir nous tombons sur une sorte de terrain de jeu aménagé où l’on peut louer des vélos pour en faire juste là. Et après réflexion, c’est vrai que nous n’avons vu de vélo nulle part ailleurs. Juste après le parc nous nous posons à nouveau un petit moment à la Plaza Camacho où plein de jeunes Boliviens se retrouvent pour se faire un match de volley, faire des dribbles ou tout simplement répéter une chorégraphie à plusieurs. C’est plein de vie quoi !
Là-dessus nous repassons au York, il est quelque chose comme 18h et le jour est déjà en train de décliner. On ressort vite fait se sustenter d’un morceau de zap au Eli’s Pizza – merci Google Maps – l’un des très / trop nombreux fast-foods de la Calle Comercio. Il sera 20h quand nous repasserons par la place de l’église San Francisco, il fait nuit noire et comme nous le verrons chaque jour passé à La Paz, un attroupement de Boliviens fait face à un clown qui utilise tous les éléments à sa portée – la chaussée, les passants, les voitures,… – pour les divertir et les faire rire. Spectacle vivant XXL. Crevés, pour nous ce sera douche et dodo. À savoir, des fois que ça vous arrive également, je me serai toujours au moins réveillé une fois au milieu de la nuit en mode impossible de respirer. Nez complètement encombré et gorge ultra sèche d’avoir pris le relais. Mettons ça sur le compte du froid de la nuit, de la sécheresse et de la poussière haha, méga combo.
Dimanche 01 octobre
Réveil aux aurores et petit déjeuner en speed – maté aux feuilles de coca, 2 toasts beurrés, un verre de jus de fruit et une banane pour la route – et nous sommes sur le trottoir de notre chère Calle Sagarnaga à attendre d’être « pick-upés » direction Tiwanaku, à environ 2 heures de route de là. Il faut savoir que la partie pick-up est assez chronophage. Même s’ils sont plutôt bien organisés, le trafic est juste horrible en ville donc ça avance comme ça peut. Généralement le guide descend le trottoir en amont du van pour s’assurer que les personnes sont prêtes. À ce sujet, une fois que le van est là autant vous dire qu’il ne faut pas traîner pour y monter, les Boliviens sont friands du klaxon et par contre s’il vous plaît soyez à l’heure pour vos pick-ups. Merci pour tout le monde haha.
Sur cette excursion nous sympathiserons avec 2 suisses, Carole et… « l’autre » – si un jour tu lis ces lignes, pardon haha – en trip également. Pour aller sur le site de Tiwanaku, nous sortons de la ville et traversons des étendues de « rien » et c’est là qu’on l’a vu pour la première fois. La pollution de malade, ces amas de détritus notamment sur le bord des routes. Hallucinant. Triste. Pendant le trajet, Léo notre guide récapitule la journée et propose que nous prenions le déjeuner tous ensemble dans un restaurant qu’il connaît, il prend les choix de chacun, on paye, on arrive au site. Première étape, le Museo Ceramico pour la découverte de premiers vestiges et un peu d’histoire sur la région. Léo est un super guide et bizarrement, pour des mecs qui ne parlent pas espagnol, le sien est bien plus compréhensible que son anglais. Il a une tonne d’histoires et d’anecdotes. Par exemple que les chamans, en tant qu’êtres en connexion avec les êtres supérieurs, avaient une pièce d’or insérée sur le sommet du crâne et que ce même crâne était aussi emmailloté afin de lui faire prendre une forme plus allongée. Nous nous dirigeons vers le site de Tiwanaku. Dans les civilisations pré-Colombiennes, tout allait toujours par 3. La Trinité avec le monde souterrain, la surface et le ciel. La croix des Andes qui a 3 créneaux sur chaque bord. Tiwanaku est à cette image, 3 temples à 3 niveaux différents. Il ne reste désormais que des ruines mais ça reste vraiment impressionnant. Ruines de par les Espagnols qui ont gratté tout l’or qui recouvrait les statues par exemple, et se sont servis de nombre de pierres pour faire des routes, alors que les Incas avaient vraisemblablement fait venir ces pierres du volcan Kapia au Pérou par le lac Titicaca. Au moins 60 bornes, les mecs étaient cinglés. Le premier temple, situé le plus haut, était donc pour le ciel. Il est principalement constitué d’un bassin en forme de croix des Andes, et sur 3 profondeurs différentes. Léo nous raconte que les étoiles que les Incas vénéraient se reflétaient parfaitement dans ce basin, d’où sa position, sa forme, tout est lié. Du second temple il reste surtout les murs ainsi que les cabanes des chamans. 7 d’un côté, 7 de l’autre, la dualité est aussi très importante. Les Incas croient au cycle de la vie – c’est pour ça que leurs momies sont placées en position fœtale, prêtes à repartir pour un tour – comme ils croient à des périodes de 2000 ans. 2000 ans de bien, 2000 ans de mal. Réchauffement climatique, inversement des pôles, nous sommes en 2018 je vous laisse faire le calcul… Pour parfaire la dualité, ce sont 7 chamans hommes d’un côté, 7 chamans femmes de l’autre. Les cabanes n’ont pas de toits, les Incas ont pour toit le ciel, au niveau de la hauteur sous plafond t’es tranquille. Il y a aussi des statues, et surtout la Puerta Del Sol. 3m sur 4 et 50cm d’épaisseur d’un seul bloc en provenance du volcan Péruvien, pour approximativement 10 tonnes. Tout est magnifiquement sculpté. Même au troisième temple qui lui a clairement la forme d’un bassin rectangulaire creusé à même le sol. Sur les parois, 175 têtes sculptées à même la roche, toutes différentes. Certains racontent que ce sont les portraits des habitants des lieux, mais il y a des visages bien différents des Incas. D’autres affirment qu’il y a une tête pour chaque civilisation qui peuplait la Terre à ce moment-là, mais comment auraient-ils pu savoir ? 3e supposition enfin – la Trinité, encore et toujours – ces visages seraient en rapport avec des visiteurs venus… d’ailleurs. À ce propos – enfin pas de E.T. mais d’un mec venu d’ailleurs – selon Léo, à un moment dans ces civilisations, il y a toujours eu un homme blanc, moustachu / barbu qui est venu et a apporté une connaissance nouvelle, celle des canaux et de l’irrigation. Toujours.
Pause déjeuner au Restaurante « El Condor » où après une délicieuse soupe de quinoa et au fromage de brebis, le couz et moi aurons droit à notre premier vrai morceau complet de lama. Toujours aussi bon ! Puis nous voilà repartis pour un second site, celui de Puma Punku, un site encore plus ancien que celui de Tiwanaku et qui pourtant possède des blocs de pierre encore plus travaillés. Ce n’est pas tellement les dessins mais plutôt la précision des tracés, la rigueur des angles à 90°, la platitude des surfaces, des choses infaisables à une époque ou le moindre outil était en bois, concrètement. Chaque bloc est aussi muni de petits trous parfaitement identiques et réguliers qui leur servait à parfaitement les aligner les uns aux autres. Un travail si minutieux sur des matériaux si durs qu’on ne serait pas capables de faire les mêmes choses avec nos techniques actuelles. Et ce qui rend fou, c’est que ce site, composé de blocs de pierre de plusieurs tonnes chacun, aurait comme littéralement explosé. Comment ? Aucune explication. C’est sur ce mystère que nous reprenons le van pour le retour à La Paz. Les suissesses nous quittent au pied du téléphérique, de notre côté nous allons nous faire un petit smoothie au Cafe del Mundo, un passage au Terminal de Buses de La Paz histoire de se renseigner sur le trajet pour Sucre puis nous voilà repartis à vagabonder dans la ville. Et même un petit tour du téléphérique le plus haut et le plus long du monde ! Le temps de redescendre sur Terre, de gambader un peu avant de se faire une petite pause dîner avec des petits pain fourrés au pollo, au queso ou charque – viande séchée et salée – une petite douche et au lit !
Lundi 02 octobre
Réveil à 06h30 pour se préparer et tout remballer, nous ne dormirons pas ici ce soir. Re-petit déj. en speed et de nouveau sur le trottoir à 8h. Notre guide du jour s’appelle Erica, nous partons pour le mont Chacaltaya, à une bonne 1h30 de route, surtout que la fin du trajet se fait sur des routes à peine assez large pour notre van, recouvertes de morceaux de roches effrités de la montagne. Erica s’y connaît aussi. Elle nous explique les différentes couleurs de lacs – rouge pour le fer, vert pour le cuivre – ou encore que les petites stations que l’on peut voir sont là pour faire des relevés sur la fonte des neiges éternelles, qui disparaissent à vue d’œil à cause du réchauffement climatique. Arrivés au plus « loin » a priori, il est l’heure de finir l’ascension à pied. Et de mettre tes lunettes de soleil, ta capuche, tes manches bref, il pèle sa maman, et le vent n’arrange rien. Il y a de tout. Du chemin de terre, des morceaux de roche, ça glisse ou c’est casse-gueule suivant le moment. Et là tu y arrives, mont Chacaltaya, 5435 mètres. Tu ne fais pas le malin, d’une parce que le ravin est juste là, et surtout parce que partout où tu regardes c’est juste magnifique. Ça te recadre. Tu vois les monts, les neiges, les lacs… et même le lac Titicaca au loin, à plus de 50 bornes de là.
Le temps de reprendre nos esprits et nous sommes repartis direction la Valle de la Luna, concrètement une immense zone où l’argile s’est érodé de manière différente au fur et à mesure du temps, laissant place à un lieu complètement lunaire. C’est immense. Le gros point négatif ici c’est que dans un coin – où l’on ne va pas – certains déversent leurs « déchets biologiques »… Honte monumentale. Bref, chemin du retour, vagabondage et goûter au Cafe del Mundo et il est temps de retourner au terminal de bus pour chopper nos billets – petit tips, n’hésitez pas à venir le jour même, les prix peuvent baisser de moitié ! – puis dîner au Charquekan juste à côté (Ave Armentia) avec une assiette de lama effiloché et grillé – excellent ! – recouvert d’un morceau de fromage de brebis, 2 œufs dur, 2 patates et du maïs bouilli, la base. Là-dessus nous retournons au terminal de bus et faisons la rencontre de Huan-Huan aka. Lucie, une chinoise qui vit à Paris et qui est en plein périple Sud Américain. Elle se rend au même endroit que nous, elle sera dans le même bus, nous ferons la route ensemble. D’ailleurs le bus arrive, les sacs sont chargés, les 12 heures de trajet se feront de nuit, 700 bornes en direction de Sucre juste après une halte à El Alto pour prendre d’autres passagers. Petite parenthèse, les bus sont soit semi-cama soit full-cama : full-cama te permet d’incliner ton siège quasiment à l’horizontale. Autre point, des fois c’est un peu au petit bonheur la chance… toi tu n’es peut-être pas lavé depuis 1 ou 2 jours, pour d’autres passagers c’est… ça… ça fait plus longtemps quoi.
Rendez-vous à Sucre !