Le réchauffement climatique n’est plus un mythe : partout, sur Terre, l’eau manque, la température est à peine supportable dès le lever du soleil, la végétation a muté et se révèle dangereuse pour l’homme. Quant à la faune… elle est quasiment inexistante, entraînant des famines et des guerres ravageuses. Certains, les Mangemorts, ont choisi une solution extrême et se nourrissent de leurs semblables. Mais sont-ils toujours humains ? L’humanité pourra-t-elle, d’ailleurs, survivre encore longtemps ? Peut- être la réponse se trouve-t-elle dans les enclaves, ces rares villes sous dôme protégées du monde extérieur ? Beaucoup souhaitent y entrer, mais leur accès est réservé aux plus méritants. Autrement dit, aux plus riches.
Voilà ce que vous pouvez lire sur la quatrième de couverture de « Exodes », le livre dont je souhaite vous parler aujourd’hui, pour renouer un peu avec la rubrique des Bouquins sur The Earl.
Pourquoi j’ai eu envie de lire Exodes ? Tout simplement parce qu’en ce moment ce type de « projection » me trotte dans la tête quand on voit ce qu’il se passe de nos jours et les perspectives d’avenir possible… Je n’y cherche pas de réponses, mais plutôt m’aider à dessiner les contours de ce qui se joue. Bah ouais les gars, on en reparlera sûrement dans un Hors-Série ne vous en faites pas.
Et sur ça, Jean-Marc fait le job. Il ne part pas dans des délires bizarroïdes, la science sert à guider sa fiction, rien de plus, ne vous attendez donc pas à voir débarquer The Predator. Dans cette histoire, nous faisons un saut d’un bon demi-siècle après le « grand dérèglement », quand la Terre nous a finalement dit d’aller nous faire voir, ou bien quand nous Humains avons dépassé les bornes des limites, elles-mêmes franchies depuis un bail – ça c’est déjà de nos jours.
Il reste donc de vagues souvenirs de ce que vous connaissez, la plupart du temps sous forme de légendes à peine 2 générations plus tard, un peu comme les rhinocéros blancs qu’on a finalement réussi à totalement faire disparaître de la surface du globe, ou même George, cet escargot Hawaïen qui vient de disparaître en même temps que toute son espèce, solo, sans que l’on puisse trouver un seul autre gastéropode avec lequel l’accoupler en 14 ans – d’autant qu’étant hermaphrodites, on aurait eu 2 fois plus de chances. Mais non, ça aussi on l’a complètement zigouillé, au profit des mégots que l’on fait pulluler partout.
Mais je m’égare ça c’est de nos jours, dans Exodes on est bien plus loin, le nombre d’espèces animales doit se compter sur les doigts d’une main, voire deux allez, soyons sympas. Les glaciers vous oubliez, donc vous pouvez aussi simplifier votre géographie au-dessous d’une certaine altitude. Quant aux végétaux, je vous laisse imaginer, entre l’augmentation significative des températures, la raréfaction des cultures, le manque d’animaux de toutes sortes pour propager les graines… Et puis de toute manière les gens ne restent pas trop longtemps au même endroit, d’où le titre du livre certainement. Bin ouais, soit il n’y a rien et y’a pas grand intérêt à rester, soit si y’a des trucs intéressants ça attire un peu trop de monde et en bons humains que nous sommes on se tape dessus, la base. Ah si, troisième option, ça peut être toi le truc intéressant, donc dans ce cas-là aussi il vaut mieux partir. Et l’eau tu dis ? Haha.
Bon au moins vous me direz, on est plus emmerdés par le capitalisme. Je vois que vous avez saisi. Pensez juste à prendre votre crème solaire avant de sortir. Nan je déconne, rien n’arrangera votre cancer de la peau.
Non là vraiment la seule lueur d’espoir semble être ce qui s’appelle des enclaves, des villes protégées par une cloche d’altuglas. Et à la lecture de ce nom vous vous dites que ça y est, on part dans des délires de fiction totale tout droit sortie d’un poème de Raymond Queneau qui nous parlait de « plexiglas et d’ultravitre » sauf que non, la marque française Altuglas existe bel et bien de nos jours et est spécialisée depuis les années 40 dans les plastiques, avec entre autre le polyméthacrylate de méthyle ou PMMA, un polymère thermoplastique plus connu sous le nom de… plexiglas, je vous le donne en mille. Vous voyez !
Bref, les enclaves, ces petits Bounty au bon goût de paradis, forcément ça fait des envieux. Forcément celles et ceux qui pourrissent dehors aimerait bien y entrer car forcément, toute la misère – de ce qu’il reste, ndlr – du monde ne s’y est pas encore abattue. Après, peut-être que ça tient surtout du fantasme hein, un peu comme quand quelqu’un a un truc que les autres convoitent. #whoKnows
Allez, voilà pour la scène globale dans laquelle se déroule l’histoire, vous avez l’idée. Ce qui est cool, c’est que Jean-Marc ne se limite pas à une seule histoire, mais nous fait suivre plusieurs protagonistes, de sorte que l’on a l’occasion de goûter un peu à ce réjouissant futur suivant ce que l’on est, qui l’on est, où l’on est et ce qui nous pousse à faire ce que l’on fait. De ce point de vue-là, on ne s’ennuie pas trop :
Non, c’était… il y avait… une femme… un faucon… des pequeños rabbits… J’ai tout cramé.
D’ailleurs par moment je me suis dit que ça pourrait faire une série pas mal du tout – pitié n’en parlez pas à Netflix… – mais il y aurait tout de même un sérieux boulot de réécriture ; car à d’autres moments j’ai eu l’impression qu’il manquait des trucs – compliqué sans vous spoiler haha – ou alors qu’il avait tout simplement comblé en répétant les mêmes choses à nouveau. Alors que bon, si un livre te plaît, tu suis l’histoire et ce qu’il s’y passe, hein.
Au final, je finis sur une petite déception. Le concept est top car bien trouvé et pas si éloigné de nous, mais l’écriture a parfois de sérieux défauts selon moi, alors qu’à d’autres moments tu as l’impression qu’il reprend vraiment la main, ça t’emmène d’une traite, un peu comme l’épilogue. Mais je vous le pousse tout de même, car cet auteur a reçu la quasi-totalité des prix dédiés à l’imaginaire, donc je me dis que ce n’est peut-être « que moi » qui avait placé trop d’attentes dans l’histoire, rapport à mes propres interrogations 😉
En tout cas si ce genre de récit vous intéresse, je veux bien votre avis… (et je peux éventuellement vous le prêter)
Bonne lecture !